Dans son propre rôle

danssonpropreroleJeannette est veuve de guerre, et si elle ne renonce pas volontairement à la vie, c’est par peur de ne pouvoir retrouver son mari « là-haut ». Femme de ménage au Grand Hôtel de Brighton, ses journées sont rythmées par les va-et-vient des clients et par les commérages de ses collègues – quoiqu’il arrive, aucune émotion positive ne peut traverser sa cuirasse, sous laquelle elle protège le souvenir d’Andrew. Pourtant un soir à l’opéra, quelque chose vibre en elle. Elle décide alors d’écrire une lettre à la cantatrice, qu’elle juge à même de comprendre sa douleur.

Fennella n’est pas veuve, mais la guerre lui a pris son lot également : l’homme qu’elle aimait, sa place de camériste, sa voix et surtout l’estime d’elle-même. Domestique à Wannock Manor depuis plusieurs années, l’arrivée par erreur d’un courrier adressé à une célèbre cantatrice va attiser sa curiosité, d’autant qu’elle même collectionne les illustrés sur l’opéra. Et quand enfin la lettre tombe entre ses mains, elle n’a plus de doute : cette femme, Jeannette, et elle, sont prédestinées à se rencontrer.

L’extrême mélancolie et la profonde solitude dont sont victimes les deux femmes sont dépeintes avec une incroyable justesse par Fanny Chiarello, qui signe un texte bouleversant sur la nécessité  de se libérer du passé afin de vivre, malgré tout. Âmes sensibles, ne pas s’abstenir.

Dans son propre rôle, de Fanny Chiarello, L’Olivier